La France Insoumise enregistre aujourd'hui des départs, qu'ils soient fracassants et médiatisés, ou discrets, à bas bruits de la part de sympathisants "à la base".
Essai de contribution à l'analyse politique : cap sur la Présidentielle de 2022.
Certains y voient là les conséquences d'un "repli", voire de "dérive sectaire". Il ne s'agit en réalité que d'un changement de cap, en vue de la Présidentielle de 2002.
Le temps presse.
Macron, avec les turpitudes et les facéties de son immaturité personnelle et de sa vision de la fonction Présidentielle à l'image d'un jeune cadre d'une Banque d'affaires, pourrait bien se prendre une bonne fois pour toutes "les pieds dans le tapis" et se mettre dans une situation "d'empêchement". La Présidentielle arriverait alors plus vite que prévue. Il convient donc, sans perdre de temps, de se mettre en ordre de marche. D'où une certaine accélération vers un nouveau cap.
Nouveau ? Oui et non carcalui qui apparaît aujourd'hui a toujours été contenu dans le projet initial de Jean-Luc Mélenchon. Mais nouveau en ce qu'il apparaît chaque jour un peu plus clair et lisible.
Petit rappel historique: les enseignements tirés de la Présidentielle de 2007 et des échecs du Front de Gauche.
L'habileté de Mélenchon, et de ses amis du Parti de Gauche, lambertistes de formation, a été d'instaurer pour la campagne présidentielle de 2017, avec un très grand succès populaire d'ailleurs, un "Mouvement" politique en forme de "Rassemblement", qualifié par lui-même de nébuleuse gazeuse, planète autour de laquelle chacun peut graviter, selon ses humeurs du moment, selon l'opportunité des sujets abordés, sans être lié par une adhésion.
Comme tout objet céleste, ce "Mouvement"concentre en son CENTRE la totalité de la gravitation des forces et des moyens. Et ce aux dépens de ce que certains désignent par une absence de vie démocratique interne, faisant naître des courants politiques de "frondeurs", actifs en particulier sur les réseaux sociaux. Bien entendu ceux-ci ne sont pas tolérés et leurs membres font l'objet d'une élimination de leur adresse mail de la plate-forme de la France Insumise. Ce qui conduit les intéressés vitimes de ces "radiations" à parler, d'exclusions.
Pour autant l'essentiel politique n'est pas là. D'autant que Jean-Luc Mélenchon n'a jamais cahé que son mouvement était "a-démocratique", considérant, après plus de 30 ans passés au Parti socialiste, que courants et débats n'étaient que palabres, pertes de temps et d'efficacité. Certains, à l'interne, allant jusqu'à évoquer des pratiques "staliniennes".
Au centre de toutes les préoccupations : la Présidentielle de 2022
La Présidentielle de 2022, si elle est gagnable, se gagnera au centre, comme toutes les Présidentielles. Ainsi en décide la règle du jeu de cette élection de caractère monarchique, avec ses Institutions régaliennes de la Vème République.
Il faut pour cela mobiliser au 1er tour ses propres électeurs, afin de franchir la barre de la qualification pour le second. Au 2ème tour, il faut rassembler, loin, très loin vers les Centres, pour franchir la barre des 51%.
Les enseignements de l'échec du Front de Gauche à la suite de la Présidentielle de 2012 ont été habilement tirés.
Bien entendu, publiquement, les causes de cet échec en ont été situées dans des divergences idéologiques avec le Parti Communiste, dans les pratiques hégémoniques de celui-ci et ses "magouilles à Gauche" pour des "places". Mais ça, c'était pour amuser la galerie militante de base. En réalité, c'est l'absence complète de structures locales du Parti de Gauche, la petite PME politique de Mélenchon, qui a conduit, au moment des Municipales de 2013 notamment, Mélenchon à ne pas pouvoir capitaliser son score de la Présidentielle de 2012. (Cf Bayrou à la suite de la Présidentielle de 2007 contre Sarkozy... dans la même situation. On parle d'ailleurs de "bayrouïsation" depuis lors).
Mélenchon a compris cela et l'a corrigé en créant des "Groupes d'appui" locaux, devenus ensuite des "Groupes d'action" pour leur donner une certaine pérennité.. Et, quel que soit le niveau d'activité de ces G.A, ils représentent un "maillage" du territoire électoral, avec des militants localement visibles et devenus incontournables dans la vie locale de la Gauche.
Magouilles et carambouilles appartiennent déjà au passé.
Le Cap et la route sont désormais bien visibles politiquement : vers un PS-bis, social-démocrate, seul outil jugé capable de futurs succès électoraux.
Le Cap politique est désormais fixé et la route tracée : reconstitution d'un Pôle social-démocrate, ancré "à Gauche" pour la période de la "Reconquista" électorale, Maurel et Liennemann jouant-là un rôle essentiel pour la crédibilité de l'entreprise. Viendra ensuite le temps de gommer toutes les lignes qui "clivent", en particulier sur les questions économiques ***.
C'est dans le sens de la banalisation que la France Insoumise redevient..... ce que le Parti Socialiste n'aurait jamais dû cesser d'être si les "Droitiers" tels que Fabius, Strauss-Khan, Hollande n'en avaient conquis toutes ses directions.
Mais la route est semée d'embûches. Comme en témoignent les actions du 17 novembre pour la défense du Pouvoir d'achat, à partir de l'entrée "prix des carburants".... parce que cela n'était pas inscrit sur la feuille de route centrale ! Mais le "Peuple", les "Gens" ne passent jamais sous les fourches caudines d'une oligarchie. D'où quelle vienne et qui soit-elle.
C'est en ce sens que ceux parmi les Insoumis qui ont évoqué la création d'un PS-bis ont eu raison politiquement. Un PS-bis, nostalgique des succès électoraux dont le Miterrandisme, ses codes et ses pratiques, ont fait tourner "la machine à gagner" pendant 3 mandats présidentiels..
Un cap qui va conduire des "déçus du Mélenchonnisme" à retourner à l'abstention électorale.
Ce mouvement d'évaporation a commencé à se manifester avec la constitution de la liste France Insoumise pour les élections européennes : rivalités pour les "places", polémiques autrour d'un plan B dont on ne sait s'il est un Frexit ou une désobéissance aux Traités, avec les conséquence spolitiques et financières qui accompagneraient une telle "désobeissance". Il y aura ensuit les élections Municipales de 2019. Nécessairement décentralisées au cours desquelles les Insoumis des Groupes d'Action, pas toujours "maîtrisables" politiquement seront à la manoeuvre sur le terrain de "l'Union de la Gauche" avec d'autres formations politiques locale, telles que le PS, le PCF et Génération.s notamment.
Ils ont été nombreux ceux qui se sont retrouvés dans la candidature de Mélenchon sur la base de "faire de la politique autrement". Nombreux ont été aussi, parmi ces rangs-là, celles et ceux qui ont cru aux mirages du "Nouveau Monde" versus "le Monde Ancien". Un début de contre-culture, y compris dans les éléments de langage, est apparu. Allant parfois jusqu'au ridicule, telle que l'expression "déambulation" pour parler tout simplement..... de manifestation.
Un modèle dans la démarche : Mitterand et son accommodement avec les contradictions du Capitalisme. Du Rassemblement à la compromission.
Jean-Luc Mélenchon, vénérant Mitterrand jusqu'à l'adulation, se voit désormais en re-fondateur d'une social-démocratie . Par nature réformiste, celle-ci ne pourra prétendre à d'autres objectifs que ceux de "maîtriser" les excès de la Finance et du Capital, guidant ainsi leur adaptation et leur recherche de nouvelles sources de profits, au nom de l'intérêt de la Planète, par une démarche notamment écolo-centrée, dénonciatrice des excès de la "consommation", y compris populaire, et ses modes de production "productivistes". Réchauffement oblige.
Convergences inattendues avec nombre d'idéologues du Capitalisme aujourd'hui convaincus qu'il faut désormais faire jaillir d'autres sources de profits que celles, en cours de dépassement historique, de la Révolution industrielle et qui préparent déjà des lendemains de compromissions.
Nous en sommes pas encore là, bien que ceci en constitue la toile de fond pour une "nouvelle alliance". Mais il faudra d'abord gagner la Présidentielle de 2022.
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*** Jacques Généreux, grand inspirateur du programme économique de la France Insoumise est un fervent partisan du développement du Capitalisme sur un mode keynésien : profits par le pouvoir d'achat populaire, intervention de l'Etat pour "réguler" les marchés, relance de la course inflation-prix-salaires, etc....
Et ça tombe bien. A l'échelle mondiale le Capital-Libéralisme est à bout de souffle et une re-conversion keynésienne est sur le point de s'opérer.